Habitats 2002-2004
17 septembre 2022
Regard sur les camps de réfugiés.
Une architecture mineure est mise en œuvre à l’aide de matériaux de rebut.
Ces fragments délaissés sont revisités et assemblés pour simuler des micro- habitats précaires.
(Le réemploi de l’infime et du relégué donne lieu à un recyclage de ce que la société produit et rejette.)
La référence aux architectures nomades ou improvisées est perceptible structurellement aussi bien que par le choix des matériaux : armatures, rajouts et rapiéçages sommaires, panneaux de plastique, tôles vieillies, cordes, étoffes usées aux couleurs chamarrées.
Les images fabriquées de toute pièce sont confrontées à d’autres saisies, sur le motif cette fois, dans de réels camps de « déplacés ».
Malgré la sombre inquiétude que doit susciter la prolifération d’un mode d’habitat le plus souvent subi, on trouve souvent, au sein de celui-ci, inventivité et raffinement.
Les peaux dérisoires qui tiennent lieu d’enveloppe de l’espace ainsi improvisé sont aussi l’occasion de chatoiements, de jeux lumineux contrastés, voire d’exubérance.
La réévaluation des matières rejetées amène avec elle une magnification des lieux de fortune, comme pour fièrement conjurer une condition douloureuse de mise à l’écart.
« En voyant, d’assez loin et un jour de brume, les camps, on les supposait emplis de bonheur, tellement chaque pièce de toile coloriée semblait choisie pour aller avec la couleur des autres, et cette harmonie ne pouvait recouvrir qu’un peuple joyeux, puisqu’il avait su faire de son camp la joie des yeux. »
Jean Genet, « Un captif amoureux »
« Pourquoi ne pas compter sur un possible accrochage, une sorte de connivence entre ce qui est relégué et ceux que la société parfois exclut – entre ce qui est plus ou moins cassé et ceux qui sont en situation de rupture. »
François Dagognet, « Des détritus, des déchets, de l’abject »
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